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Innovation

Eki, l’étincelle industrielle : de la cybersécurité aux tables de soudure

29/10/2025 • 10 min de lecture

Ce n’est pas tous les jours qu’un ingénieur Supélec, ayant travaillé sur les passeports numériques, finit par fabriquer des tables de soudure dans un atelier messin. Et pourtant, c’est exactement le parcours de Thomas Legrand, fondateur d’Eki, une entreprise qui prouve qu’on peut faire rimer innovation, savoir-faire industriel et ancrage local.

 

Une curiosité sans frontières

Dès les premières minutes, Thomas fascine. Ingénieur dans l’âme, touche-à-tout par nature, il a exploré à peu près tous les univers possibles : l’informatique, la sécurité, la recherche, la fabrication numérique, la robotique…

J’ai toujours aimé comprendre comment les choses fonctionnent, et encore plus, comment les améliorer.”

Diplômé de Supélec et titulaire d’un master recherche à l’Université Henri Poincaré de Nancy, il se destine d’abord à la recherche en intelligence artificielle. Mais très vite, la curiosité le pousse vers le concret. Il rejoint de grandes entreprises : Société GénéraleOberthurEurofins, avant de plonger dans l’entrepreneuriat.

 

L’épopée des drones : l’envol et la chute

C’est presque un hasard, comme souvent dans les belles histoires. Passionné de modélisme, Thomas découvre l’arrivée des gyroscopes miniaturisés.

Du jour au lendemain, ces composants sont passés de 600 euros à 2 euros, tout en étant plus performants. C’était une révolution.”

Il développe alors un stabilisateur de vol pour hélicoptères miniatures. Le projet rencontre un succès fulgurant : 50 000 exemplaires vendus dans le monde, des clients conquis, des Italiens séduits.
C’était de la pure R&D, mais ça marchait. On était considérés comme les meilleurs.”

L’étape suivante semble évidente : créer un drone autonome. L’équipe, installée à Metz, développe un prototype complet, homologué par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC). Une première en France.

La DGAC a dû revoir ses protocoles de test, car jamais elle n’avait validé un drone réellement autonome. On ne pilotait plus, on appuyait sur Play.”

Mais le rêve tourne court. L’arrivée tonitruante du géant chinois DJI, fort de milliers d’ingénieurs et de soutiens étatiques, rend la compétition impossible.
Quand ton concurrent vend à 80 ce qui lui coûte 100, et que toi tu dois le vendre 250 pour survivre, tu comprends que le combat est perdu d’avance.”

 

Rebondir, encore

Thomas ferme alors la société, avec l’amertume des grands projets trop tôt arrivés. Mais il ne s’arrête pas là. Il continue à développer pour de grands comptes : ArcelorMittalBDR Therméa, Porcher Industrie, en tant que consultant.

Il raconte cette période avec humour : “Je suis arrivé à Dunkerque la veille du confinement. Dix minutes plus tard, tout fermait. J’ai fait deux ans de télétravail total là-bas, depuis les dépendances d’un château !”

Entre deux projets, il garde un lien fort avec le monde industriel, celui des ateliers, des machines, du métal. C’est là qu’une nouvelle étincelle va jaillir.

 

La table de soudure : une idée née d’un besoin réel

Un jour, un jeune usineur qu’il a aidé à s’installer dans les locaux voisins, lui parle d’un besoin de table de travail plus stable et plus modulable. Thomas se lance dans la conception d’un prototype.

Je l’ai fait d’abord pour moi, pour m’amuser. Et puis les gens passaient devant l’atelier, voyaient la table et disaient : ‘C’est génial, tu l’as achetée où?’

En quinze jours, dix à quinze commandes tombent. Sans communication, sans site web, sans stratégie. Le marché est là, évident. Eki est née.

De l’idée au produit : la naissance d’Eki

Rapidement, Thomas formalise le concept : une table de soudure modulaire, précise, ergonomique et brevetée. Le secret ? Une conception intelligente, où chaque élément : écrou, empreinte, tiroir, servante, est pensé pour la praticité et la sécurité.

Nos tables permettent de travailler plus vite, plus précisément, et de gagner de la place. Dans les petits ateliers, chaque centimètre compte.”

Le bouche-à-oreille fait le reste. Des particuliers passionnés aux ateliers professionnels, jusqu’aux CFA (centres de formation d’apprentis), la demande explose. En parallèle, Eki structure sa production et intègre The Pool pour bénéficier d’un accompagnement hors-pair.

 

L’aventure humaine : avec Kevin, Joël

Derrière chaque réussite entrepreneuriale, il y a des rencontres. Celle avec Kevin d’abord, il travaillait à la chaîne et avait besoin d’un job stimulant. Aujourd’hui, il est opérateur de production et monte en compétence sur tout le processus.

Il n’avait jamais soudé de sa vie. Six mois plus tard, il gérait toute la production. Il a tout appris, on a tout fait tous les deux : les salons, les tournées clients, les devis, les livraisons !”

Puis Joël, arrivé pour structurer la partie commerciale et marketing. Ensemble, ils forment une équipe soudée, dans tous les sens du terme.

Une croissance maîtrisée et des ambitions claires

Aujourd’hui, Eki peut produire jusqu’à 50 tables par mois avec un seuil de rentabilité autour de 25 à 30 tables mensuelles.

Les modèles standards côtoient des créations sur mesure pour les ateliers, les CFA ou les grands groupes (dont Framatome !). Les prix, autour de 2 200 € HT, reflètent un positionnement “qualité pro” assumé. Mais l’étape la plus marquante reste le partenariat national signé avec DomPro (DPRX / Synametal), un réseau de plus de 200 points de vente en France.

On devient leur solution référente pour les tables de soudure. Ils nous ont dit clairement : ‘Dépêchez-vous, les clients attendent.’

Eki a également multiplié les participations à des événements comme la finale des Meilleurs Soudeurs de France à Vierzon, ou des salons professionnels, confirmant son ancrage dans le paysage industriel français.

 

Et demain ?

Au-delà des tables de soudure, Eki développe désormais d’autres solutions de mobilier industriel: postes d’assemblage, tables de manipulation, équipements modulaires.
La vision est claire : créer des outils de travail intelligents, robustes et durables, fabriqués en Grand Est, pour les professionnels du métal et de la maintenance.

Ce qui me motive aujourd’hui, c’est de fabriquer du concret, ici, avec des gens passionnés. On n’a peut-être pas la puissance des géants chinois, mais on a l’ingéniosité, la proximité et la réactivité.”

 

Et quand on lui demande ce que représente The Pool dans ce parcours, il sourit :

“The Pool, c’est un peu le jaune d’œuf dans la mayonnaise : sans eux, tu peux brasser tant que tu veux, ça ne prendra pas.”

Eki, c’est l’histoire d’un virage réussi — et d’un entrepreneur qui prouve qu’il n’est jamais trop tard pour réinventer le métal.

 

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